samedi 13 mars 2010

American University of Sharjah



Dimanche. Un chauffeur de l'American University of Sharjah vient me prendre à l'hôtel... les choses sérieuses commencent. Environ une heure de voiture à faire. J’en profite pour faire du ménage sur mon Mac… je ne veux pas que les étudiants voient mon bordel sur le bureau quand je m’installerai. Je représente quand même un peu le Québec ici! Je ne veux pas non plus faire honte à ma collègue Ilhem.
Chemin faisant, nous traversons la ville que je n’ai pas vue à mon arrivée la nuit de jeudi à vendredi. Sortis de Media City, il y a accalmie d’édifices en hauteur, mais à l’approche d'un autre centre de Dubai, ça reprend de plus belle. J’aperçois soudainement de loin une épingle qui gratte le ciel. C’est ça le Burj Khalifa? Tellement haut que ça a l’air trop mince. Il faut dire que le design le veut ainsi. De loin, on dirait que les derniers étages ont la largeur d’une cage d’ascenseur! Il y a un petit côté Gaudí à cet édifice, vous savez l’architecte espagnol qui a conçu la cathédrale Sagrada Familia à Barcelone. Jamais terminée d’ailleurs… De l’architecture vivante, mais il y a un mot pour décrire ça. Organique!
Étrange, j’ai pourtant un sentiment de malaise en voyant cette tour de 800 m qui dépasse largement la Tour du CN à Toronto (553,33 m), jadis la plus élevée. Sauf que c’est une tour à bureaux cette fois, avec observatoire au 124e étage! J’ai, il y a longtemps, visité la tour du CN avec mes deux gars alors jeunes, mais je ne suis pas certain, devant cette pointe inquiétante, d’être tenté d’y monter. Depuis son ouverture, seule la plate-forme d'observation était accessible au public, le reste de la tour étant soit en chantier, soit tout simplement désert. Pour des raisons encore incertaines (on parle de problèmes d'alimentation et d'une affluence beaucoup plus importante que prévue), le plus haut bâtiment jamais construit a dû, récemment, fermer temporairement ses portes afin d'être réaménagé. Pas rassurant. Rappelez-vous The Towering Inferno, le film catastrophe de 1974, avec Steve McQueen et Paul Newman. Rappelez-vous aussi l’avis qu’on retrouve à proximité des ascenseurs : en cas d’incendie, prière d’utiliser les escaliers. 124 étages à descendre. Le temps de griller maintes fois le long de cette brochette verticale.

Nous arrivons finalement à Sharjah, puis au campus de l’université. Tout propre, tout vert, en plein désert! Mais ici, l’architecture a quand même un air arabe. Je vois des gens avec des vêtements traditionnels comme l’abbaya, l'injab, mais pas le niqab (est-ce bien ainsi que ça s’écrit?). Ilhem Allagui m’accueille chaleureusement et me présente quelques collègues. Marhaba! Welcome! Is’t cold in Canada right now? Not really… mais 30˚C de différence pour eux, c’est beaucoup. Nous prenons un cappuccino oriental, sucré au miel, délicieux, discutant des derniers événements à Montréal et à Sharjah.
Puis l’heure de la conférence arrive. Comme dans mes classes de Montréal, une majorité de filles… quatre gars sur 40 étudiants. Comment se fait-il que le masculin l’emporte encore dans la langue alors que ce sont les femmes qui feront les communications de demain? On m’écoute religieusement. C’est vrai qu’avec ma barbe, j’ai l’air d’un mollah. Vous comprenez pourquoi je porte la barbe maintenant!
Je leur présente le message Photographies, réalisé avec Maryse Raymond en 1992. Grand silence. Un succès à tout coup! (Pour en savoir plus sur ce message, cliquez deux fois sur l’image pour le visionner dans YouTube et voir toute l’histoire dans la colonne de droite en haut.)

Et je parle, je parle. En anglais! Passant au français quand je cherche un peu mes mots. Pas évident de traduire toutes ses émotions! Après une heure et demie de présentation, je rencontre les équipes, une à une, pour voir l’évolution de leur concept sur la violence faite aux enfants. Il y a d’excellentes pistes. J’apprécie, je conseille, je… j’aime vraiment ce que je fais!

Prise de la traditionnelle photo de groupe. Je mange ensuite avec Ilhem et quelques étudiantes à la cafétéria de l’endroit, puis je fais un tour rapide de ce campus où environ 5000 personnes étudient. Avant mon départ, Ilhem me fait choisir un super chandail en coton ouaté AUS et une casquette bourgogne, couleur de l’American University of Sharjah. Merci Ilhem. Je suis un ambassadeur de l’AUS! Les gens de mon pays (qui sont gens de paroles) croiront que j’arrive d’Australie ou d’Autriche quand ils me croiseront ainsi affublé.
Le chauffeur me ramène ensuite directement au Palladium de Dubai. Il n’est pas trop tard pour chercher mon laissez-passer qui me permettra d'assister au Dubai Lynx 2010 qui commence dès aujourd'hui avec le film Art & Copy, qui a été présenté à Montréal en novembre dernier, au Cinéma du Parc, mais que je n’ai pas pu voir. À la condition qu’on me serve promptement au comptoir d’accueil. C’est bizarre, ça me rappelle des souvenirs de Cannes. Malgré une pré-inscription par Internet, tout semble compliqué. Et je ne suis pas seul à maugréer. C’est fou, j’ai l’impression de vivre un déjà vu!
J’arrive pourtant à temps pour la projection de ce documentaire américain de Doug Pray, portant sur la publicité, avec Lee Clow, Dan Wieden, David Kennedy, Phyllis K. Robinson, Hal Riney, George Lois, Rich Silverstein, Jeff Goodby, Mary Wells, Cliff Freeman et Jim Durfee. Vous reconnaissez quelques noms? Âgés aujourd’hui de plus de 60, voire même 70 ans, ces art directors et copywriters de renom ont fait les beaux jours de la pub américaine, avec Volkswagen, Macintosh, iPod, MTV, Nike, Budweiser et Got milk? Voir la bande annonce ci-contre.

Vous pouvez aussi visiter le site artandcopyfilm.com.
Finalement, en sortant du Palladium, j’aperçois les immeubles voisins de l’hôtel, à environ une trentaine de minutes selon mon estimation. Je décide donc de marcher vers l’hôtel pour me retrouver encore dans une impasse, un libre-service-Burger King ouvert 24 h… je saute (encore) dans un taxi pour qu’il m’amène le plus directement possible à destination, mais même en voiture, c’est détour après détour. Pas ici que je vais faire de l’exercice!

1 commentaire:

  1. Passionnant Richard. Dis donc, c'est fou ton énergie. Vivre tout cela et avoir encore le temps et la générosité de l'écrire ici c'est fantastique. Et inspirant. Bravo.

    RépondreSupprimer